“Moi, Jules César”, un insatiable appétit de pouvoir

Fruit d’un travail de documentation et de synthèse colossal, l’album d’Alfred de Montesquiou et Névil déroule sur deux cent cinquante-six pages la vie de l’illustre stratège de l’Antiquité. 

Par Bénédicte Flye Sainte Marie

Certains enfants bien nés ont un destin tout tracé. Ce n’était pas le cas de Jules César, issu d’une famille de patriciens déclassés.

Le petit garçon a en effet vu le jour au premier siècle avant notre ère à Subure, dans l’un des quartiers les plus pauvres, insalubres et dangereux de Rome, que longeait le Cloaca Maxima, un canal pestilentiel qui servait d’égout à la ville.

Rien ne le vouait donc à devenir le général et l’homme d’Etat dont la réputation a traversé les millénaires. Comment s’est déroulée son ascension vers les sommets et de quelle manière a-t-il réussi à inverser le cours de l’histoire de sa famille, acculée à la misère et à la déchéance ? C’est ce que raconte l’impressionnant roman graphique co-signé par le grand reporter, réalisateur et lauréat du Prix Albert Londres Alfred de Montesquiou et le dessinateur Névil.

On y constate d’abord que Caius Julius César, de son nom complet, a d’abord été très jeune investi de la responsabilité de pater familias après la mort prématurée de son père. Puis son parcours militaire a démarré presque par hasard lorsqu’il a fui l’Italie pour échapper au dictateur Sylla, qui le persécutait et qu’il s’est engagé dans la légion.

Ont suivi toute une série de campagnes victorieuses, où César n’a économisé ni le sang versé ni sa cruauté. C’est par ailleurs son sens politique, parfois également son opportunisme, qui l’ont servi, avant qu’il ne se retourne finalement contre lui, lors de son assassinat par Brutus et ses acolytes.

Magistral ouvrage qui a mobilisé ses auteurs pendant trois ans afin de réaliser l’enquête qui l’étaye et qui a nécessité des entretiens avec une trentaine d’historiens, Moi, Jules César se dévore comme un feuilleton qui en dit long non seulement sur ce personnage historique mais aussi sur les ingrédients, entre ambitions, trahisons et génie, qui construisent une trajectoire d’exception. 


Moi, Jules César, d’Alfred de Montesquiou et Névil, 28 euros, Éditions Allary 

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