“Sororité : Le Pacte”: quand l’alliance des femmes devient une arme politique.

Et si la solidarité féminine constituait notre force révolutionnaire méconnue ? Dans leur manifeste engagé, Lucile Peytavin, Aline Jaillet et Maryne Bruneau ressortent ce concept ancien pour le transformer en un outil d'émancipation collective. Elles nous encouragent à un engagement tangible : signer un accord de solidarité féminine pour contrecarrer les procédés qui ont créé des divisions entre les femmes pendant des siècles. Un processus à la fois personnel et politique.

Par Anne Bezon

“Liberté, égalité…sororité.” Et si les femmes n’avaient pas été oubliées lors de la révolution, aurions-nous pu avoir une autre devise ? 

Dans ce manifeste écrit à six mains, les autrices, Lucile Peytavin (à qui l’on doit, entre autres, Le Coût de la virilité), Aline Jaillet (autrice de Une Voix à soi) et Maryne Bruneau (psychologue experte égalité femme-homme) font le pari que les femmes possèdent un outil puissant et sous-exploité pour faire bouger les lignes de la société : la sororité. 

Mot oublié, mot galvaudé, moqué parfois, “sororité” existe pourtant depuis très longtemps. Issu du latin soror (sœur), le terme sororitas en latin médiéval désigne une communauté religieuse de femmes, marquant déjà des liens étroits entre les femmes. Mais l’histoire rédigée par les hommes tente, avec succès, d’effacer les femmes des manuels et autres ouvrages. C’est donc dans son absence que le mot sororité puise sa force

Dans les années 70, les militantes féministes se réapproprient le terme pour unifier les femmes autour d’une même cause. 

« “Ce n’est que lorsque le mot sororité est posé comme équivalent au mot fraternité qu’il permet d’envisager le pouvoir qu’il procure aux femmes.” »

Le Pacte n’est pas un énième livre retraçant l’histoire du féminisme. C’est un appel au passage à l’acte concret, celui de signer – littéralement – un pacte de sororité avec toutes les femmes et de s’engager à ne plus jamais nuire à une autre femme, la soutenir et lui porter assistance. Mais ce n’est pas tout. Les autrices nous enjoignent à passer un pacte avec nous-même pour devenir notre meilleure alliée

Alternant entre analyses sociologiques et historiques et textes variés écrits par des contributrices (comme Chloé Thibaud, l’autrice de Ni muses, ni groupies), le livre offre des pistes concrètes pour pratiquer cette solidarité salvatrice au quotidien. Il permet de se questionner soi et le monde. 

À contre-courant d'un individualisme ambiant, les autrices réhabilitent l'idée que nos libertés individuelles se conquièrent collectivement.


Sororité: le Pacte, de Lucile Peytavin, Aline Jaillet et Maryne Bruneau, 12€90, éditions J’ai lu.

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