“Le regret des astres”, la renaissance après l’éclipse
Dans ce roman d’apprentissage que l’on doit à Simon Fulleda, brillant auteur néophyte, un jeune homme naïf, qui habite seul et travaille pour l’épicier de son quartier, remarque que les étoiles ne brillent plus, dans la nuit... et sans doute aussi dans son cœur. Poétique et empli d’émotion, son livre est un véritable bijou.
Par Marceline Bodier
Il y avait longtemps qu’on n’avait pas eu l’occasion de toucher du doigt cette grâce inimitable des premiers romans, dans lesquels on sent qu’il y a à la fois une expérience humaine universelle, à savoir la passerelle qui nous conduit de l’adolescence à l’âge adulte, et un destin singulier qui sonne exceptionnellement juste. Ici, le héros franchit précisément cette étape alors qu’il a perdu ses repères de l’enfance et peine à s’en construire de nouveaux.
Si les astres lui manquent, c’est parce qu’ils ont disparu du ciel : peut-être parce que l’écran formé par la pollution lumineuse l’empêche de les voir ? Cette histoire pourrait fort bien se dérouler à notre époque et elle ne dérangerait peut-être pas tout le monde... Dans ce récit, Tesla, la multinationale d’Elon Musk, projette sur la voûte céleste des messages publicitaires pour faire la promotion d’un voyage vers les étoiles ; un détail de l’intrigue à propos duquel on ne peut pas s’empêcher de penser qu’il sonne plus réaliste que nature !
Mais s’ils laissent un grand vide, c’est aussi parce qu’ils ont déserté le cœur du narrateur, qui ne parle de ses parents qu’au passé et vivote comme employé dans la petite épicerie où sa mère avait ses habitudes. Où sont-ils, on l’ignore. Mais se doute bien qu’il faudra éclaircir ce mystère pour que notre touchant protagoniste puisse sortir des affres de l’obscurité dans laquelle il est enfermé.
Ne serait-ce pas aussi parce que les étoiles qui ne sont plus dans l’azur se sont réincarnées dans les taches de rousseur de Sarah ? Ces constellations, le narrateur ne les voit que trop, mais elles lui paraissent tout aussi inaccessibles que si elles se situaient à des kilomètres de sa petite planète... Peut-être est-ce toujours ainsi lors d’un premier amour ?
C’est en tout cas l’occasion pour les lectrices et lecteurs de revivre, le temps d’un roman, les années si précieuses qui ne reviendront jamais et ne pourront jamais être égalées... à moins qu’une étoile, une seule, ne revienne pour les éclairer.
Le regret des astres, de Simon Fulleda, 18,90 euros, Éditions Quartier Libre