“Les Vivants”, un coup de poing salutaire
Pour son premier roman, Ambre Chalumeau, journaliste et chroniqueuse pour Quotidien, marques les esprits par son style direct et son récit touchant, à mi-chemin entre Les Vivants et la mort.
Par Anne-Sophie Campagne
Ils étaient trois. Trois amis soudés depuis leur enfance puis liés par les désordres de l’adolescence. Trois êtres chers et complémentaires, aux personnalités contrariées et aux destinées bouleversées. Deux filles et un garçon. Diane, Cora et Simon. À l’aube de leurs 18 ans, leur quotidien est frappé par le sort : l’un d’entre eux, Simon, rattrapé par un virus rare, tombe dans un coma profond, privé d’avenir du jour au lendemain. Ce coup de massue, improbable et imprévisible, atteint plus que sa propre victime : il est une bombe à retardement sur le devenir de ses deux amies, touchées en plein cœur et paralysées par la peur.
De ce récit, plusieurs questions ressortent sans apporter de réponse : comment se protéger face à la maladie d’un proche ? Quelles solutions mettre en place pour y faire face et ainsi sauver les apparences ? Que faire pour ne pas se sentir illégitime d’être en vie ? Comment continuer à vivre, tout simplement ? Confrontées à toutes ces problématiques, les deux amies, Diane et Cora vont choisir des chemins parallèles mais pas si différents. Elles vont cheminer ensemble, à distance, mais liées à jamais par cet accident du destin. La première va s’oublier littéralement dans ses études supérieures, littéraires et inhumaines. La seconde, choisir les mathématiques et se heurter à mi-parcours à ses traumatismes anciens et bien enfouis.
Ce premier roman est un choc, à la hauteur de celui vécu par ses personnages, un coup de poing sincère et consenti, un réveil salutaire et convaincant. Grâce à son style vivant et soigné, à ses formules directes et habilement amenées, Ambre Chalumeau parvient à nous embarquer avec Diane, Cora, et leurs entourages (parents, amis…) dans cette épreuve poignante, pour ne plus nous lâcher.
Personne ne sortira indemne de cette expérience analytique, proche d’une résurrection. Chacun y trouvera ce qu’il y cherche, une approche positive par le simple bonheur d’être vivant, une introspection sur ses choix et son parcours personnel, une nouvelle réflexion sur le moment délicat du passage à l’âge adulte.
Et c’est la force de ce premier roman attachant et convaincant : sans être alarmant ni larmoyant, il force le lecteur à s’interroger sur le sens de son existence et le met au pied du mur, avec la mort qui plane sur près de trois cents pages. Cet au-delà, qui loin d’être une fin de vie, marque le début d’une autre, confiante et assumée, à l’image de son autrice promise à une belle destinée littéraire…
Les vivants, d’Ambre Chalumeau, 20, 90 euros, Editions Stock